N° 13, décembre 2006


  • Tzvetan Todorov à la Maison des Artistes :
    de la nécessité d’une réforme de l’enseignement des lettres aux dangers d’une mauvaise utilisation de la mémoire

    Amélie Neuve-Eglise N° 13, décembre 2006

    Une critique de la vision réductrice de la littérature véhiculée par le système d’enseignement
    Le 21 octobre 2006, Tzvetan Todorov s’est penché sur le rôle de la littérature au sein de nos sociétés modernes lors d’une conférence intitulée Qu’est-ce que la littérature ? qui s’est déroulée à la Maison des Artistes de Téhéran. Il a tout d’abord présenté l’évolution de la trame des études universitaires littéraires françaises qui consistaient, à la fin du XIXe et durant la première moitié du XXe siècle, essentiellement (...)


  • Les Aventuriers de l’absolu
    La douloureuse quête d’une beauté insaisissable

    Amélie Neuve-Eglise N° 13, décembre 2006

    La quête humaine permanente, douloureuse, et chimérique de l’absolu, tel est le thème que se propose d’aborder le nouvel ouvrage de Tzvetan Todorov, Les Aventuriers de l’absolu, au travers d’une analyse précise et passionnante de l’existence de trois grandes figures du monde littéraire qui, bien que différentes, se rejoignent de par leur désir commun d’atteindre un absolu, une plénitude existentielle, en mobilisant toutes les forces profondes de leur existence vers ce but. En retraçant l’existence (...)


  • Lettre à Antonio Brocardo

    Esfandiar Esfandi N° 13, décembre 2006

    On dit la peste à Venise : gardez-vous bien !..."
    Lettre de Mantoue (an 1510)
    Monsieur,
    C’est avec émoi que je vous écris les lignes suivantes. Je dis émoi, car ce pas franchi, véritable gageure pour qui laissa mûrir trop longtemps son projet, risque de tourner en pas perdu. En effet, à peine avais-je lu la dernière phrase de votre Lettre de Mantoue, que l’idée de vous adresser à mon tour un court billet d’hommage ne m’a plus quitté. Je me demande si, à force d’avoir reconduit le moment de (...)


  • Le Torandj

    Helena Anguizi N° 13, décembre 2006

    Le nom " Torandj " vient du cédrat, fruit proche du citron, et compte parmi les plus anciens motifs de décoration de l’art islamique et iranien. Ce modèle de composition sert notamment à décorer les couvertures de livres ainsi qu’à illustrer leurs pages. Il est également très utilisé dans l’ornementation du Coran. On trouve également ce motif de façon répétitive sur les tapis et de nombreux autres objets décoratifs. Le Torandj est habituellement représenté sous forme de losange ou encore d’une amande. (...)


  • L’incrustation de la turquoise, un art original

    Maryam Kowssari N° 13, décembre 2006

    Selon une certaine légende, la collision d’un météore avec la planète terre il y a des millions d’années aurait provoqué la formation de la turquoise. Une autre croyance attribue son origine à une formule chimique composée d’hydrates, de phosphates, de cuivre et d’aluminium. D’autres la décrivent comme étant le résultat du dépôt des sédiments du cuivre dans les terres arides. Quelles que soient ses origines, la turquoise est dotée d’une couleur et d’une beauté particulière.
    Les Egyptiens l’extrayaient dans (...)


  • 10e Biennale de photographie
    Le kaléidoscope de la vie

    Arefeh Hedjazi N° 13, décembre 2006

    Tous les deux ans depuis vingt ans, le Ministère de la Culture organise une Biennale de Photographie doublée d’un concours où un jury d’éminents photographes choisit les meilleures œuvres, qui seront récompensées.
    Dès les premières années, cette exposition a connu un franc succès et n’a cessé depuis lors de se développer. Aujourd’hui, la Biennale, qui s’est entre temps internationalisée, est la plus importante manifestation photographique de l’Iran. Elle lance les jeunes talents et soutient les précurseurs (...)


  • Théâtre Shahr, citadelle de l’art dramatique au cœur de la ville

    Afsaneh Pourmazaheri, Farzâneh Pourmazâheri N° 13, décembre 2006

    Tout commence au lever du soleil. La ville se réveille. Les voitures démarrent. Les magasins s’ouvrent les uns après les autres. Les balayeurs apparaissent dans les rues, balai à la main. Les écoliers trottent vers l’école. Les clients vers les marchés. Les chauffeurs pressés au volant. Les autobus. Les klaxons. Les bruits… Et moi… Je suis là, à Téhéran. Je suis là depuis longtemps. Je suis le témoin de ce grand spectacle tous les jours. Les gens y jouent inconsciemment leur vie quotidienne, tellement (...)


  • Les manœuvres " Grand Prophète " ou le glas de l’impérialisme à l’américaine

    Arefeh Hedjazi N° 13, décembre 2006

    Jeudi 2 novembre 2006, une série de grandes manœuvres militaires iraniennes baptisées " Grand Prophète " a débuté avec la participation des divisions navales, aériennes et terrestres du Sepah dans 14 provinces, du nord-est du pays aux eaux turquoise du Golfe Persique. Elle a commencé avec le lancement de dizaines de missiles de longue (1200 à 2000 kilomètres) et moyenne portée (140 à 500 kilomètres), Shahâb 2, Shahâb 3, Scud B, Fateh 110, Zelzal, Nour, Nasr, Kowsar et Zolfaghar 73, tirés de la région de (...)


  • Une lettre inédite de Jullien de Paris (1775-1848)

    Tahmouress Sadjedi N° 13, décembre 2006

    L’Ancien Régime avait suscité tant de haine chez Jullien de Drôme qu’il devint l’un des fervents partisans de la Révolution et bientôt un conventionnel notoire, et pour être plus précis un Montagnard qui vota, de surcroît, la mort du Roi. " J’ai toujours haï les Rois ", déclarait-il alors. Mais au lendemain de la Révolution du 9 thermidor (27 Juillet 1797), il dut affronter la haine de ses anciens amis qui le dénoncèrent comme l’agent et le protégé de Robespierre. Cette dénonciation mettait aussi en danger (...)


  • Forough Farrokhzâd, une petite fée triste, seule et amoureuse

    Shâdi Rahnamâ N° 13, décembre 2006

    " O mon amant ! Quand tu viens auprès de moi Apporte-moi un flambeau et une fenêtre " [1]
    Forough Farrokhzad, l’une des plus grandes poétesses contemporaine iranienne, a provoqué une véritable cassure au sein de son existence pour avoir osé décrire sa sensualité de femme et aller à l’encontre des règles traditionnelles de la société. Elle a alors mis sa souffrance au service de la poésie, du théâtre et du cinéma, afin que l’art soit cette "fenêtre pour voir, chanter, crier et pleurer" [2].
    Forough (...)


  • Goethe et Hâfez,
    la naissance d’un orientalisme de cœur

    Amélie Neuve-Eglise N° 13, décembre 2006

    De par la richesse de son style et l’horizon illimité de ses significations, la littérature persane a eu une portée dépassant largement ses frontières géographiques, notamment au sein de la pensée et de l’œuvre de nombreux écrivains occidentaux. A partir du milieu du XVIIIe siècle, la (re)découverte de plusieurs monuments de la poésie persane suscite un engouement dont les ondes se répercutent à travers toute l’Europe : un nombre croissant d’œuvres arabes et persanes sont traduites, alors que l’intérêt (...)


  • L’homme et la liberté

    Khalil Nemati N° 13, décembre 2006

    "L’homme est né libre, et partout il est dans les fers. Tel se croit maître des autres, qui ne laisse pas d’être plus esclave qu’eux."
    Selon Rousseau, pour remédier au mal social, il faut trouver une "forme d’association" légitime qui protège la personne tout en préservant sa liberté. Le contrat social satisfait à cette condition puisque par lui, chacun abandonne sa liberté naturelle à la communauté et reçoit en retour "la liberté civile et la propriété de tout ce qu’il possède." Pour Rousseau, le but de (...)


  • Pari Sâberi et son théâtre poétique
    Un regard sur le passé, un pas vers l’avenir

    Afsaneh Pourmazaheri, Farzâneh Pourmazâheri N° 13, décembre 2006

    Après avoir vu la pièce de théâtre "Leyli et Majnûn" de Nezâmi Gandjâvi dans la salle " Vahdat", personne ne pouvait croire que les vers de ce chef-d’œuvre seraient si magistralement adaptés à la scène théâtrale. Inspirée par la littérature mystique persane surtout celle de Molana et aussi par le " Ta’zié ", la réalisatrice iranienne Pari Saberi a adapté plus de quarante œuvres iraniennes au théâtre. Celles-ci comprennent des traductions, des livres et des pièces mises en scène. Elle a également reçu de grands (...)


  • Ommân Sâmâni
    ou la versification de la dimension mystique d’Ashourâ

    Khadidjeh Nâderi Beni N° 13, décembre 2006

    Né à Sâmân en l’an 1259 de l’hégire, Ommân Sâmâni , étudia la littérature arabe, le droit et la logique à l’école de Sadr à Ispahan. Très jeune, il se distingua par ses dons d’écriture et de par la qualité de ses poèmes, pour devenir par la suite membre de l’Assemblée Poétique d’Ispahan. Ce grand poète se caractérisait par sa dévotion particulière aux quatorze "immaculés", dévotion qui a fortement marqué sa poésie. De ce point de vue, il est classé au même rang des poètes comme Mohtasham.
    Dans son recueil intitulé " (...)


  • La Ghahveh Khâneh ou le café à l’iranienne

    Mortéza Johari
    Traduit par

    Arefeh Hedjazi N° 13, décembre 2006

    Autrefois, il y avait des cafés un peu partout en Iran. Ils se divisaient en deux catégories : les cafés de ville, qui étaient les plus importants lieux de rencontres, d’échanges et de divertissements, et les cafés situés sur le bord des routes que l’on appelait également Tchaïkhâneh (salons de thé). Ces derniers étaient des lieux de repos et de détente pour les voyageurs qui s’arrêtaient en chemin. Les premiers ghahveh khâneh
    Les premiers cafés iraniens apparurent très probablement sous le règne de Shâh (...)


  • Bisotoun, joyau de l’art achéménide

    Arefeh Hedjazi N° 13, décembre 2006

    Le "Tâghe Bostan" de Kermânchâh est, après Persépolis et Pasargades de Fârs, la place Naghshe Jahân d’Ispahan, la forteresse de Bam de Kermân, le Trône de Soleïman d’Azerbaïdjan, Gonbad-e-Soltanieh de Zanjan et la colline de Tchoghâ-Zanbil de Khuzestân, le huitième monument antique de l’Iran inscrit au registre de l’Unesco.
    Bisotoon, également trancrit par "Bisetoon" ou "Behisotoon", est le nom d’un roc surplombant l’un des axes routiers les plus fréquentés de l’époque achéménide ; une route qui voyait (...)


  • Iran : un autre regard
    Premiers repérages en vue de la réalisation d’un documentaire sur la notion de l’ijtihâd

    Fatima Moussavi N° 13, décembre 2006

    En tant qu’algérienne et française, Fatima Moussaoui s’est penchée sur l’étude de la condition de la femme en Islam. Après avoir exercé le métier de journaliste dans la presse écrite en Algérie et effectué des études à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris, elle se consacre désormais à la réalisation de documentaires. Elle a réalisé un premier film sur la condition de la femme en Algérie, (...)


  • Lâhidjân

    Mohammad Reza Pourmoussa
    Traduit par

    Arefeh Hedjazi N° 13, décembre 2006

    Lahidjan, belle et douce province des bords de la mer Caspienne, est l’une de ces régions trop fréquentées et pourtant peu connues du nord de l’Iran. Dotée, comme tous les autres recoins de ce pays antique, d’une histoire millénaire et tourmentée, elle fascine pourtant, non par son histoire, mais tout simplement de par sa beauté fertile et verdoyante, ses montagnes uniformément couvertes de forêts belles à en couper le souffle, ses immenses plages de sable ou de rochers qui bordent la mer Caspienne, - (...)


  • Herât, la plus iranienne des villes de l’Afghanistan

    Maaike Bleeker, Shâhin Ashkân N° 13, décembre 2006

    Située tout près de la frontière iranienne, Herât, une des plus anciennes villes d’Afghanistan, trouve ses racines dans l’Iran antique.
    Herât faisait auparavant partie de l’une des étapes de la Route de la Soie. Elle a joué un rôle considérable dans le commerce entre la péninsule indienne, le Moyen-Orient, l’Asie Centrale et l’Europe. Sa position géographique, au croisement des civilisations orientale et occidentale, a fait de Herât l’un des berceaux de la civilisation.
    En 1401, Châh Rokh, fils de (...)


  • Tu pleurais à chaudes larmes

    Mehdi Shodjaï
    Traduit par

    Shekufeh Owlia N° 13, décembre 2006

    Je ne prétends pas ne m’être nullement trompé, mais vois-tu, c’était la seule solution à tous nos problèmes. Après tout, l’erreur est humaine ; c’est bien connu. Dis-moi franchement, qu’aurais-tu fait à ma place ? Tâche d’être sincère, ma petite, non seulement en répondant à cette question, mais tout au long de ta vie. La franchise, cette noble vertu, fait de tout homme qu’elle habite un juge impartial. Aurais-tu trouvé une solution autre que celle qui m’est venue à l’esprit ?
    Dire que c’était le seul moyen (...)


  • Nosrat Rahmâni
    L’homme perdu dans la brume

    Rouhollah Hosseini N° 13, décembre 2006

    Attention !
    N’attache jamais
    Le bec d’un oiseau
    Car
    Il chantera avec ses ailes
    Ne brise jamais ses ailes
    Car
    Il s’envolera avec son chant
    Jusqu’à très haut dans le ciel
    Ne dis jamais
    Au poète
    De garder le silence
    Car…
    L’homme qui vit et qui chanta la mort, Nosrat Rahmâni est, eu égard au contenu de ses textes, l’un des plus modernes poètes de la poésie persane contemporaine. Son oeuvre est en effet hantée par l’idée du néant de la vie et de la fascination de la mort. Ce qui émane à n’en pas (...)


  • Avec les tailleurs de pierres de Râmsar

    Au Journal de Téhéran

    N° 13, décembre 2006

    28 décembre 1936
    7 Dey 1315
    Sous le petit hangar rustique de paille dorée, à côté des orangers chargés de fruits mûrs, les tailleurs de pierres, l’inconnu, accroupis sur leurs talons, transforment et font vivre le marbre clair.
    De leurs marteaux qui frappent en cadence le front dur et glacé de l’onyx veiné d’or, un rythme joyeux monte avec les éclats de pierres qui s’éparpillent comme une pluie de rayons.
    Je les connais tous, avec leurs yeux contemplatifs, chargés de rêve, de joie ou de tristesse. (...)


  • Bonhomme Noël

    Au Journal de Téhéran

    Edouard JOSEPH N° 13, décembre 2006

    25 Décembre 1936
    4 Dey 1315
    Il est dans la nature des effets dont les signifiances sont sans bornes et qui s’élèvent à la hauteur des plus grandes conceptions morales.
    Balzac
    Il me tient au coeur de revenir sur les lignes émouvantes parues ici-même, il y a juste une année, où l’honorable auteur évoquait l’histoire brève de la Fête de Noël et exaltait, en des termes simples et pourtant bien touchants, ce jour célébré avec tant de solennité, tant de gaieté et tant d’émoi. Elle est, à bon droit, la Fête (...)


  • L’intégration linguistico-culturelle des Canadiens français

    Traduit par

    Maryam Assemâni Shâhgoli N° 13, décembre 2006

    L’exemple des Canadiens francophones nous fournit une illustration intéressante du thème de l’intégration culturelle par l’intermédiaire de la langue. La province du Québec, leur foyer principal, compte plus de 6 millions d’habitants. Ces derniers sont les descendants des colons français ayant débarqué au Canada au XVIIème et XVIIIème siècles. De 1760 à 1867, ils vécurent sous la domination de la couronne anglaise et depuis 1867, le Québec fait partie intégrante du Canada. Tout au long de la période durant (...)


  • A l’occasion de la célébration de Sheikh Mofid, un des grands savants du monde chiite

    Amir Borjkhânzâdeh N° 13, décembre 2006

    Le 9 Azar (30 Novembre) est la journée de la célébration de Sheikh Mofid. Mohammad Ibn Mohammad Nâman Baghdadi, surnommé Sheikh Mofid, naquit en l’an 336 de l’hégire à Bagdad. Il fut le maître de Sheikh Tussi ainsi que Sayyed Razi, jurisconsulte chiite grand connaisseur de la théologie dogmatique. Sheikh Mofid était doté d’une habileté remarquable dans le domaine des discussions religieuses, et ses joutes oratoires avec les juges Abdoljabbar et Abubakr sont restées célèbres. Scientifique très brillant, il (...)


  • L’espéranto

    Zahra Kassiri N° 13, décembre 2006

    Les hommes ont toujours rêvé de créer une langue universelle. En effet, les langues "nationales" aux racines multiples, trop nombreuses et, pour certaines, très difficiles à apprendre, ne facilitent pas la compréhension entre les peuples. C’est afin d’améliorer cette communication que des langues dites "artificielles" ont été inventées.
    La plus importante d’entre elles, l’espéranto, fut créée en 1887 par le médecin polonais Zamenhof. Sa grammaire simplifiée et son vocabulaire abondant en rendaient (...)


  • Le safran & le varan du désert

    Faune et flore iraniennes

    Mortéza Johari N° 13, décembre 2006

    Le Safran
    Nom scientifique : Crocus sativus
    Le safran est une plante vivace de 10 à 30 centimètres de hauteur. Il est glabre, à bulbes assez gros et ses feuilles, dressées, sont un peu rudes et ciliées aux bords. Ses fleurs sortant d’une spathe bivalve, sont violacées grandes et possèdent des stigmates écarlates ordonnés en massue, entiers ou crénelés. L’importance du safran réside dans son usage médical et surtout gastronomique où ses fleurs séchées sont utilisées pour leur goût, arôme et couleur. (...)