N° 23, octobre 2007

La ville de Rey et l’histoire des temples du Feu
La colline de Mile et le temple du feu de Rey


Afsaneh Pourmazaheri, Farzâneh Pourmazâheri


Quelle relation y a-t-il entre le feu, cet élément brûlant de la nature, et l’homme ? Par quelle magie embrase-t-il de ses flammes rougeâtres tout ce qui se trouve autour de lui ? Il est depuis toujours l’un des éléments ayant permis la survie de l’être humain. L’homme aujourd’hui ne s’en émerveille plus guère, cependant, cet élément occupait une place centrale dans les croyances de l’homme d’autrefois : loin de se résumer à son rôle d’éclaireur et de source de chaleur, le feu a également été un symbole de divinité et de pureté.

Les zoroastriens comptent parmi les premières communautés à avoir mis en place un culte du feu. Dès son apparition, la tribu aryenne tenait le feu en grande estime. Hormis les habitants de la Perse Antique, les Indiens, les Grecs et les Romains de l’époque en faisaient également l’éloge. D’après l’Avesta [1] et les Vedas [2], des hymnes du feu étaient toujours entonnés par les croyants.

La colline de Mile de Rey

La date de la découverte du feu remonte à la fin de l’âge de pierre. Dans le livre La Civilisation Ancienne rédigé par Foster De Col Lange, il est indiqué que : "Chaque famille grecque ou romaine possédait un temple d’adoration où y brûlait un peu de feu au milieu de la cendre. Ce feu ne s’éteignait qu’au moment où tous les membres de la famille avaient quitté ce monde". Il existe également de nombreux récits au sujet du feu et de sa valeur dans les religions aryennes dont le brahmanisme, le zoroastrisme, et le bouddhisme, ainsi que dans les religions sémites telles que le judaïsme, le christianisme et l’islam. En outre, on retrouve la trace d’histoires sur le feu et son aspect magique au sein de nombreuses croyances animistes africaines.

L’ouvrage d’histoire écrit par Bala’amî (târikh-e Bala’amî) évoque également Caïn, le fils d’Adam, comme étant le premier adorateur du feu : "Ce fils d’Adam qui s’appelait Caïn, et qui tua son frère cadet Abel pour que le feu l’avale… et quand il vieillit, Iblis (le diable) s’approcha de lui : "Sais-tu, lui demanda-t-il, pourquoi le feu a avalé ton frère Abel mais pas toi ?". "Non" répondit-il. "Parce qu’Abel avait rendu un culte au feu, continua Iblis, toi aussi fais-le"". Et Caïn se mit à son tour à adorer le feu et se prosterna devant lui. Il fut donc le premier à avoir adoré le feu avant de mourir pendant son acte même d’adoration.

Le temple du feu de Rey

Chez les zoroastriens, le temple du feu (âtashkadeh) tenait lieu de sanctuaire, dont l’architecture était la même en tout lieu. Le foyer était situé au milieu du temple et le feu divin y brûlait. Normalement, chaque temple du feu possédait huit entrées et plusieurs chambres octogonales. La chambre principale au toit voûté était au centre et entourée d’autres bâtiments ainsi que d’un beau jardin. Dans le culte zoroastrien, la lumière du soleil ne devait pas briller sur le feu divin. La chambre principale était donc totalement sombre et le foyer se trouvait en son centre.

De nombreuses histoires et des centaines d’exemples viennent confirmer le fait suivant : "L’histoire de la construction du premier temple du feu dans la ville de Rey marque l’apparition de cette ville ancienne".

D’après Mass’oudî dans Moravvéjozzahab : "Le premier fondateur du temple du feu fut Fereydoun Shâh….". Il ordonna de construire des temples du feu à Tous, à Boukhârâ, à Sistân, à Siravân et à Rey. Ce fut là où Anouchiravân fit une expédition et y trouva des idoles. Il les détruisit complètement et entra le feu divin. Dans l’Histoire Tabarî de Tabarî, le nom de Rey est cité à plusieurs reprises : "Dans la ville de Rey, il y avait un temple du feu qui était le plus vieux monument de la ville".

Le temple du feu de Rey

Les ruines du temple du feu de Rey se trouvent aujourd’hui sur la colline de Mile, sur le côté droit de la route menant à Varâmine. Ce monument est d’une grande importance historique, d’abord car il fut fondé par Anouchiravân, le grand Shâh de la Perse, et parce qu’il y avait également un ancien hôpital près de ce lieu. Il fut d’ailleurs rapporté que le grand médecin de l’histoire perse, Mohammad Zakaryâ Râzî, dirigea, durant un certain temps, cet hôpital et ses organisations attachées. Il n’est donc pas improbable que le fondateur de ce même hôpital fut également Anouchiravân.

Le lieu où fut bâti le temple du feu s’appelait originellement "L’Etang". Aujourd’hui, il est davantage connu sous le nom de "La Colline Mile". La raison repose sur le fait qu’il ne reste à peu près rien de ce monument gigantesque, si ce n’est deux barres énormes en pierre sur la colline. Le mot "Etang" prouve que cet endroit était une vaste plaine qui avait en son centre une colline. Au moment de l’irrigation et quand il pleuvait beaucoup, les alentours de la colline se remplissait d’eau et fertilisait les terres.

C’est pourquoi, lorsque aujourd’hui vous marchez aux alentours de cette colline et du monument se dressant au dessus, vous pourrez admirez la beauté de la verdure et du paysage. Voilà comment l’ancienneté du passé et la fraîcheur du présent cohabitent…

A suivre…

Notes

[1Livre sacré des zoroastriens

[2Livres sacrés des hindous


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